Peur sur la ville
L’autre jour, il faisait froid, très froid, jusqu’à -7°C. Cela faisait un petit moment que la moto était restée au garage et j’avais enfin l’occasion de la sortir. La veille de la sortie, je me disais que c’était dangereux, que ce serait mieux de prendre la voiture, et plus la soirée avançait, plus mes arguments étaient irrationnels. Je me suis rendu compte que j’avais peur !
Cela fait 22 ans cette année que je roule à moto, et j’ai parcouru plus de 300 000 km par tous temps. En Belgique, je roulais sous la neige, non pas par bravoure ou stupidité mais simplement parce que la moto était mon seul moyen de locomotion. Cela m’a valu quelques glissades mémorables mais c’était un état de fait.
J’avais donc peur ce soir-là. Je me suis couché et je n’ai pas très bien dormi.
Le lendemain matin, je me suis levé et ai décidé de traverser cette peur. Je me suis donc habillé selon mon rituel habituel de motard. J’utilise ce rituel car il me permet de ne rien oublier et d’avoir l’esprit tranquille lorsque je prends la moto. J’ai plusieurs versions du rituel en fonction des conditions météo et cela me permet de gérer la chaleur et la pluie.
J’ai sorti la moto du garage, la boule au ventre. Il faisait -2°C, sec et frais. La route était sèche, un beau ciel bleu en perspective, les conditions étaient idéales.
Je me suis assis dessus et tout de suite ma peur s’est envolée : cet environnement familier, cette sensation sous la selle. Une grande partie de mon travail personnel sur l’amélioration de ma conduite est d’apprendre les bons réflexes. Je n’ai pas besoin de réfléchir, c’est le corps qui sait quoi faire, c’est mon instinct que j’ai entraîné progressivement qui prend les commandes. Me mettre au guidon a coupé court à toute pensée négative, mon corps s’est dit : « c’est parti, je sais quoi faire là ». J’avais confiance en ma moto de par son entretien et son nettoyage réguliers (Cf. mon article précédent) et me savais bien protégé par mon équipement. Cela m’a suffi pour me rassurer et vaincre ma peur.
Je me suis mis à rouler. La moto était un peu raide au départ du fait que l’huile des suspensions était bien fraîche. La route était froide et les pneus aussi, prudence donc. Il y a bien de la glace dans les ronds-points mais il suffisait d’anticiper et de ne pas trop s’écarter des trajectoires des voitures. J’ai pris plaisir à rouler et pendant 2 jours, j’ai pleinement profité de la vague de froid à deux roues.
Je retiens que la peur peut arriver à tout moment, parfois elle est inexplicable. Ma recette pour la traverser est d’utiliser des routines, être sûr de l’état mécanique de ma moto et utiliser mon expérience et celle des autres pour gérer la situation. Et ça, ça s’apprend ! Bonne route. Demain, je me fais la tempête sous la pluie !
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